Mesures offensives : actions dans les élevages suspects ou infectés
Description des mesures offensives
Tout élevage suspect d'être infecté ou infecté peut mettre en péril la situation sanitaire actuellement favorable de la France, obtenue après des décennies d'efforts. Dans ce contexte épidémiologique, des mesures offensives restent indispensables pour éviter que la situation sanitaire se détériore.
Mesures en cas de suspicion
Dans la situation d'incertitude que représente une suspicion de tuberculose en élevage, il est important :
de limiter la diffusion potentielle de
« M. bovis »
, dans l'hypothèse où il serait présent ;d'éviter de potentielles contaminations de l'Homme par les animaux mais aussi les denrées (lait cru ou produits à base de lait cru particulièrement) ;
mais également et surtout de confirmer ou d'infirmer la suspicion par la réalisation de tests complémentaires.
Les mesures à appliquer dans les élevages suspects de TBv et qui figurent dans l'APMS[1] de suspicion de tuberculose sont résumées dans la figure suivante.
* La réalisation de l’IDC +/- INFγ n’est envisagé que dans un contexte de suspicion faible, dont l’objectif est d’infirmer cette suspicion faible. En effet, si les résultats de ces tests s’avèrent non négatifs, l’élevage reste suspect et il sera alors nécessaire de procéder à un abattage diagnostique
Assainissement des cheptels infectés
Si l'infection est confirmée (mise en évidence de « M. bovis »
ou de son ADN dans le cadre de l’abattage diagnostique), l'élevage est mis sous APDI[3]. Il est nécessaire de procéder à l'assainissement de ces cheptels pour éliminer la source d'infection qu'ils représentent.
Mise en œuvre de l'assainissement des cheptels infectés
Attention :
L'assainissement des cheptels infectés se fait en règle générale par abattage total suivi d'un nettoyage et désinfection et d'un vide sanitaire, afin de limiter tout risque de résurgence liée à la conservation d'animaux non répondeurs aux tests allergiques (anergiques) ou à la non élimination des bactéries présentes dans l'environnement.
Cependant pour des raisons d'acceptabilité et compte tenu du faible nombre d'animaux infectés actuellement retrouvés dans les foyers (1 à 3 dans la majorité des cas), les éleveurs peuvent demander une dérogation pour réaliser un abattage partiel qui sera acceptée en cas de situation épidémiologique favorable (ex. : peu d'animaux trouvés infectés, zone peu impactée, bon respect des mesures de biosécurité...).
Les modalités de réalisation de ces méthodes d'assainissement sont précisées dans la figure suivante.
Voir la définition de tests en parallèle[5]
Les bovins abattus font l'objet d'une inspection renforcée à l'abattoir et peuvent être consommés du fait de l'absence de diffusion systémique de la bactérie en règle générale et peu d'individus infectés dans les foyers, sauf en cas de motif de saisie totale à l'inspection à l'abattoir.
Intérêt et modalités d'assainissement des cheptels infectés : faites le point
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Enquête épidémiologique
L'enquête épidémiologique suite à la découverte d'un foyer consiste à tracer tous les liens épidémiologiques (introduction, voisinage...) avec l'élevage pour identifier l'origine de l'infection (enquête amont) et les potentiels foyers secondaires (enquête aval). Compte tenu de la très grande résistance de l'agent pathogène, de la chronicité des infections et du caractère longtemps asymptomatique de l'infection, les investigations des liens épidémiologiques peuvent concerner les cinq années ayant précédé la découverte du cas.
La mise en place systématique depuis 2003 de ce traçage permet de détecter de façon précoce les foyers en lien épidémiologique et de ce fait de constater dans les zones infectées une augmentation de l'incidence apparente.
Bilan sur les mesures offensives
Fondamental :
En zone de faible prévalence, il convient :
de limiter ces dépistages à des élevages ou des régions avec des facteurs de risque particulier ou à des zones où l'infection circule et de réaliser des enquêtes épidémiologiques en cas de foyer ;
d'appliquer des mesures de biosécurité externe et des mesures aux échanges d'animaux pour limiter la circulation de « M. bovis »
et protéger les effectifs indemnes ;
d'assainir les élevages infectés efficacement pour limiter la circulation de « M. bovis »
tout en interdisant les échanges entre-temps.
Dans ce contexte de faible prévalence, la maîtrise des facteurs de risque par une approche centrée sur l'analyse de risque, prend une importance tout particulière pour préserver une situation épidémiologique favorable.