Mesures défensives : protection des effectifs indemnes

Les mesures défensives reposent sur trois piliers :

  • la recherche de l'infection (surveillance) : dépistages réguliers en élevage et systématiques à l'abattoir ;

  • le contrôle des mouvements des animaux ;

  • le respect des mesures de biosécurité.

L'identification de facteurs de risque (FR) parmi les trois catégories déjà évoquées dans la section « Épidémiologie analytique » (risques d'introduction, de voisinage et de résurgence) est un élément central de la protection des élevages indemnes vis à vis de la tuberculose.

Mise en situation

Pour vous familiariser avec ces notions, découvrez une mise en situation dans laquelle vous devez classer les éléments indiqués en gras dans le texte dans l’une ou l’autre des catégories de FR ou de maîtrise de ces FR. Il suffira de les faire glisser dans la case appropriée. Attention ! Certains items en gras pourraient ne pas entrer dans une des catégories de FR ou de maîtrise de ces FR.

Mise en situation

Madame Bertille, éleveuse de bovins allaitants de race limousine en Dordogne, est toute contente : son cousin vient de lui livrer à un prix très raisonnable un veau à qui il n’a pas pris le temps de poser ses boucles d’identification. Elle a tout de suite isolé ce nouvel animal dans le box de quarantaine.

Comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, son voisin M. Trumeau lui a annoncé ce midi qu’il va pouvoir lui louer son taureau, ce qui n’est pas facile en ce moment car la période des saillies bat son plein. Ce qui est moins drôle est que l’élevage de M. Fleury, son autre voisin, vient d’être déclaré tuberculeux. Heureusement, cela fait déjà trois mois que les animaux de Mme Bertille ne pâturent plus dans le pré qui jouxtait celui de M. Fleury, où ses bovins et ceux de de M. Fleury pouvaient alors se renifler le museau. Mme Bertille n’a donc pas de souci à se faire de ce côté-là, surtout qu’il faut qu’elle se concentre sur la détection des trous dans les clôtures car elle a vu hier soir un blaireau qui avait l’air de lorgner du côté de l’étable et s’est sauvé à son approche. Elle a surtout peur des renards qui pourraient s’y glisser et manger ses poules, et en outre, son chien Ernest aime bien se balader du côté des voisins. Il ne faut pas l’encourager à aller trop prendre ses aises chez eux, cela pourrait poser des problèmes de voisinage. Il faut absolument qu’elle obture ces trous dans ses clôtures. En plus, elle n’a pas envie que ces bestioles se nourrissent gratis avec le maïs et les céréales des vaches ! Il faut qu’elle demande à son oncle, maçon, de construire un abri pour protéger ces aliments de ces animaux.

Mme Bertille soupire, pauvre M. Fleury quand même ! Elle-même se souvient du jour où son élevage a été déclaré infecté, il y a déjà huit ans. Tous les bovins de son élevage avaient été abattus, cela avait été un crève-cœur. Mais cela garantit que cette horrible maladie a bien été chassée de son élevage, surtout avec les nettoyages et désinfections qui ont suivi.

Ce cauchemar est bien loin maintenant, et tout danger est écarté grâce à ces mesures. Allez ! Inutile de ressasser toutes ces idées noires, et d’ailleurs, comme par un fait exprès, un magnifique cerf élaphe traverse le champ, comme pour rappeler à Mme Bertille que la vie est belle en Dordogne.

Surveillance à l'échelle nationale dans les élevages bovins

L'infection restant quasi-systématiquement asymptomatique, sa surveillance est indispensable pour attester que la situation sanitaire vis-à-vis de la TBv reste favorable.

« Comment s'organise cette surveillance ? »

Rythme de surveillance et âge des animaux dépistés, en France, lors de la campagne 2023-2024

Les zones à prophylaxie renforcée (ZPR, départements entouré en rouge) correspondent aux communes autour de foyers de tuberculose précédemment mis en évidence (en élevage ou dans la faune sauvage). Une surveillance annuelle durant plusieurs années (3 à 5 ans) est prévue dans ces zones.

Les chiffres au milieu des départements correspondent à l'âge à partir duquel les bovins du département sont dépistés.

Pour la campagne de surveillance 2023-2024, 74 départements sont en arrêt de dépistage en élevage et seuls 6départements maintiennent une surveillance pour les élevages situés hors des ZPR.

Contrôle des mouvements

Des mesures réglementaires relatives aux mouvements d'animaux permettent de limiter le risque d'introduction de « M. bovis » dans les troupeaux indemnes.

Attention

La mesure phare est qu'un élevage n'est autorisé à introduire des animaux que s'ils proviennent de troupeaux reconnus officiellement indemnes.

En France, la bonne application des mesures réglementaires lors des mouvements d'animaux est vérifiée lors d'une visite d'achat obligatoire réalisée par un vétérinaire sanitaire, réalisée dans les 15 à 30 jours qui suivent l'introduction du (des) bovin(s) (achat, pension, prêt...). Dans ce contexte, aucun test n’est réalisé, sauf si l’élevage de provenance est identifié comme à risque sanitaire.

Des contrôles aux mouvements d'animaux sont également prévus lors d'échanges entre pays, toujours dans l'optique de protéger les zones ayant acquis un statut favorable vis-à-vis de la tuberculose.

Dans la nouvelle loi européenne de santé animale (LSA), cette mesure s'inscrit dans le cadre de la catégorisation de la TBv comme danger de classes BDE (CDE pour les autres ruminants). Voir les classes de la LSA 2021[1].

Surveillance à l'abattoir

La surveillance à l'abattoir est fondée sur la recherche de lésions macroscopiques évocatrices de tuberculose sur toutes les carcasses de bovins. Elle consiste à procéder sur chaque carcasse de bovin à un examen systématique de tous les nœuds lymphatiques des organes « portes d'entrée », et de réaliser des coupes multiples permettant de détecter des lésions de petite taille de tuberculose.

 

- Intérêt : tous les bovins abattus pour la consommation sont concernés, ce qui apporte une vision exhaustive pour l'ensemble de ces bovins sur le territoire national, notamment dans les départements où le dépistage n'est plus pratiqué. C'est la seule façon de détecter la tuberculose aujourd'hui dans de nombreux départements.

 

- Limites : les lésions macroscopiques étant tardives, il s'agit d'une méthode très peu sensible, outre son manque de spécificité (œil plus ou moins bon du technicien à l'abattoir).

Attention

Malgré ses limites, l'inspection des carcasses à l'abattoir revêt une grande importance, en complément du dépistage sur les animaux vivants en élevage.

Bilan sur les mesures défensives

Fondamental

La combinaison des différentes mesures défensives à l'échelle du troupeau visant à protéger les élevages indemnes (encadrés en vert dans la figure suivante) est représentée ci-après.

Voir la définition de biosécurité externe[2]