Cas clinique n°4
Élevage naisseur engraisseur de porcs, Landes (40)
Chez les porcs charcutiers à l'engraissement :
Hyperthermie (>40°C) : 7 animaux
Abattement et prostration : 8 animaux
Mortalité modérée : 1 animal mort
Hématomes des flancs : 2 animaux
Cyanoses des oreilles : 1 animal
Votre choixChoix attenduRéponse
SUSPICION
Explications :
Force est de constater que bien qu'évocateur d'une peste porcine, le tableau qui nous est présenté n'est pas réellement alarmant :
Mortalité modérée
Un lot d'animaux abattus présentant une hyperthermie
Deux animaux présentant des irruptions de rougeurs cutanées
Cependant, les éléments dont nous disposons sont suffisants pour justifier une suspicion de peste porcine. Ce cas doit faire l'objet d'une déclaration de suspicion auprès des autorités sanitaires car il correspond à une de ces situations citées dans l'instruction technique « surveillance événementielle des pestes porcines en France » éditée en 2019 par la DGAL (Ministère de l'Agriculture) et qui risque de rester de nombreuses années en vigueur vu le contexte épidémiologique mondial.
Critères de suspicion clinique en élevage de porcs domestiques :
Soit l'observation le jour de l'examen ou dans les commémoratifs au cours du mois précédent de plusieurs animaux dans l'élevage présentant des signes généraux
> Chez les porcs en croissance : appétit diminué, hyperthermie, apathie [...]
> Chez les reproducteurs : idem et/ou avortements et/ou forte mortalité sous la mère
> Et/ou lésions hémorragiques externes (rougeurs des extrémités et de la partie déclive de l'abdomen, pétéchies [...])
Soit l'enregistrement sur une période de 15 jours d'une mortalité au moins deux fois plus importante que la mortalité moyenne habituellement observée (en excluant les porcelets de moins d'un mois) en prenant en compte la plus petite unité épidémiologique de l'élevage [...]
Soit l'observation de lésions internes caractéristiques de peste porcine sur au moins un porc autopsié. Les lésions caractéristiques à prendre en compte sont :
> Splénomégalie [...] et/ou
> NL hypertrophiés, congestionnés, hémorragiques et/ou
> Rein hypertrophié avec pétéchies et/ou
> Face interne de la vessie hémorragique
Seul un diagnostic différentiel d'exclusion avéré (étiologie définie avec certitude) peut alors exclure une suspicion de peste porcine même en dans l'une de ces trois situations.
Remarque 1 :
ce cas peut illustrer une suspicion en phase précoce, ce tableau peut ainsi correspondre à une infection récente de l'élevage. Il est important de garder à l'esprit que la PPA n'est pas si contagieuse, notamment au sein d'un grand élevage qui applique des mesures de biosécurité interne strictes. En réalité, la propagation devient fulgurante à partir du moment où les animaux touchés présentent des symptômes hémorragiques car le sang est un excellent vecteur du virus. Lorsque la mortalité devient élevée, il est probable que le virus circule dans l'élevage depuis déjà 3 à 4 semaines.
En d'autres termes en phase précoce, il est possible qu'une seule case soit touchée et que les animaux du lot concerné soient abattus et/ou hyperthermes. Seulement une partie d'entre eux peuvent présenter des signes plus évocateurs comme des hématomes des flancs ou une cyanose des extrémités : c'est un de ceux-là qu'il faudrait autopsier pour constater les lésions viscérales et réaliser des prélèvements. Une inspection rigoureuse de chaque case peut alors permettre de repérer le virus précocement.
Remarque 2 :
la PCR donne des résultats rapides, sous 1 à 2 jours maximum en fonction du délai d'envoi des prélèvements. Les conséquences d'un APMS mis à tort sont donc relativement limitées. A priori, les suspicions sont sous-déclarées en France, il faut garder à l'esprit qu'il faut émettre une suspicion dès lors qu'un syndrome hémorragique est constaté, même si la mortalité du troupeau n'est pas encore très importante !