Cas clinique n°2
Élevage naisseur-engraisseur plein air de porcs charcutiers, Rhône (69)
Chez un lot de 12 truies en maternité :
Historique d'avortements
Hyperthermie (>39,5°C) : 7 truies
Dysorexie
Chez leurs porcelets à la maternité :
Mortinatalité importante : 25% environ
Hyperthermie (>40°C) et apathie : une grande partie du lot
Troubles nerveux (convulsions, pédalage) : 16 porcelets
Chez les porcelets en post-sevrage :
Mortalité importante : 15%
Hyperthermie (>40°C) : 50%
Dysorexie, inappétence
Troubles nerveux (convulsions, pédalage) : un peu moins de 50%
Votre choixChoix attenduRéponse
PAS DE SUSPICION
Explications :
Certains éléments peuvent justifier la suspicion de peste porcine.
Mortalité importante
Hyperthermie chez les jeunes
Atteinte forte de l'état général des lots touchés
Argument épidémiologique : cet élevage plein air est situé en Corse, territoire proche de la Sardaigne dans lequel on constate une circulation du virus de la PPA
Cependant, plusieurs arguments justifient le fait de ne pas suspecter une peste porcine en première intention, mais plutôt la maladie d'Aujeszky :
Le tableau clinique des troubles nerveux centraux observés chez les jeunes associés à des avortements et une hyperthermie sont assez évocateurs de cette maladie
La mortalité importante cible les jeunes
Argument épidémiologique : l'élevage est un élevage plein air. Qui plus est, en France continentale, cette maladie réglementée ne circule plus dans les élevages porcins mais continue de circuler dans les populations sauvages de sangliers.
Remarque 1
:
dans les faits, les élevages plein air sont soumis à un plan de prophylaxie qui implique la surveillance active et donc le dépistage régulier de ces cheptels. Cette surveillance active (dépistage sérologique) n'est cependant pas suffisante pour détecter précocement la maladie.
Remarque 2
:
cette forme aiguë de la maladie d'Aujeszky correspond plutôt à une primo-infection d'un élevage naïf. Elle est envisageable ici car le virus ne circule pas dans les élevages en France continentale. Il serait en revanche très peu probable de retrouver cette forme clinique en Corse où le virus circule à bas bruit et induit donc une immunité chez les adultes reproducteurs. En zone d'enzootie, on retrouve des formes plus frustres qui peuvent ressembler à un syndrome pseudo-grippal peu spécifique. En pratique dans ces zones, les suspicions sont donc plutôt émises par la surveillance programmée (prophylaxie) que par la surveillance événementielle (clinique).
Remarque 3
:
la maladie d'Aujeszky est également un danger sanitaire de première catégorie, la déclaration de suspicion aux autorités sanitaires est obligatoire. Cette déclaration conduira également à la prise d'un APMS.
Remarque 4
:
la maladie d'Aujeszky est aussi connue sous le nom de pseudo-rage chez le chien, elle peut se transmettre à ce dernier par simple contact ou par consommation de viande ou d'abats contaminés. Chez les carnivores domestiques, la maladie est fulgurante (mort très rapide).