Diagnostic

Chez des animaux présentant des signes cliniques évoquant la brucellose, en particulier l'avortement, le diagnostic différentiel repose sur les observations épidémio-cliniques, mais surtout sur les examens de laboratoire (diagnostic expérimental).

Méthode

Epidémio-clinique

Les avortements se produisent de façon sporadique, préférentiellement chez les primipares, ou en série dans un troupeau atteint dans ce cas, on parle d'avortement épizootique, et il s'agit généralement d'une apparition récente de « Brucella » dans l'exploitation.

Cependant, de nombreuses autres causes d'avortement sont possibles : mécanique (traumatisme, transport...), toxique, alimentaire, parasitaire (néosporose, trichomonose, aspergillose...), infectieuse (campylobactériose, salmonellose, fièvre Q, chlamydiose, listériose, leptospirose, rhinotrachéite infectieuse, maladie des muqueuses...).

Méthode

Expérimental

« Par le laboratoire »

La meilleure preuve d'infection est la mise en évidence de « Brucella » par culture et isolement ou détection moléculaire par PCR (directement sur un écouvillon cervical ou sur un nœud lymphatique post-mortem). La bactérioscopie, par coloration et examen microscopique de cotylédons placentaires par exemple, n'est pas suffisamment spécifique.

Plusieurs méthodes sérologiques permettent le diagnostic (contexte de signes cliniques) et le dépistage (animaux asymptomatiques) :

  • Epreuve de l'anneau sur le lait (Ring-test ou RT) : test qualitatif mettant en évidence les anticorps sécrétés (IgA) dans le lait par agglutination. Ce test n'est presque plus utilisé en France, mais il est mis en œuvre lors de résultats positifs dans le lait en raison de sa bonne spécificité.

  • ELISA sur le lait de mélange : c'est la méthode la plus sensible et spécifique sur lait et est utilisée lors du contrôle laitier.

  • Epreuve à l'antigène tamponné ou EAT : test qualitatif mettant en évidence les anticorps sériques agglutinants dirigés contre le LPS bactérien (IgM et IgGs) par interaction avec un antigène brucellique coloré (au rose de Bengale) mis en suspension dans un milieu acide tamponné. Cette méthode est très sensible mais manque de spécificité.

  • ELISA sur sérum individuel : méthode la plus sensible mais moins spécifique. Son seuil de détection bas permet de réaliser des ELISA sur mélange des sérums de 10 vaches à contrôler ou sérum dilué au 10ème dans du sérum de vache saine (plus forte spécificité). Chaque kit ELISA est différent : les performances analytiques et diagnostiques doivent être validées en fonction de l’utilisation (dépistage ou confirmation) sur un échantillon d’animaux représentatif de la population.

  • Epreuve de fixation du complément FC :méthode plus spécifique pour confirmer des sérums positifs ou douteux aux épreuves précédentes. Ce test quantitatif met en évidence les anticorps fixant le complément (non dirigés exclusivement contre le LPS bactérien).

On peut noter qu'en toute fin de gestation, les vaches peuvent avoir une baisse ponctuelle du taux d'anticorps, si elles les ont transféré dans le colostrum.

« Sur l'animal »

La réaction immunitaire cellulaire peut être détectée par un test d'hyper-sensibilité retardée (ou test à la brucelline) qui utilise des extraits protéiques purifiés de « Brucella » en phase R (Brucelline). Ce test est extrêmement spécifique mais toutes les vaches infectées ne réagissent pas.

Chez les bovins, ce test consiste en une intra-dermo-brucellination encore appelé épreuve cutanée allergique (ou ECA) réalisée injection de brucelline par le vétérinaire sanitaire en indradermique suivie d'une lecture de l'épaississement du pli de peau à 72h (similairement au dépistage de la tuberculose bovine).

Chez les petits ruminants, ce test est réalisé par injection intradermique de brucelline sur une paupière inférieure et observation d'un œdème palpébral chez les individus infectés.

AttentionFaux positifs

Dans un contexte de faible prévalence, un résultat positif obtenu avec des méthodes à faible spécificité, mais simples à mettre en œuvre, comme l'EAT ou l'ELISA, doit être confirmé avec des méthodes plus spécifiques (ELISA de confirmation, FC ou brucellination).

En effet, l'infection par plusieurs autres espèces bactériennes (« Yersinia enterocolitica » O9, « Salmonella » O30...) peut provoquer des réactions sérologiques faussement positives.

« Laboratoires »

Seuls les laboratoires agréés par le ministère en charge de l'agriculture peuvent réaliser ces analyses pour les diagnostics bactériologique et sérologique de la brucellose (cas de la plupart des LDA).

Les laboratoires interprofessionnels laitiers sont aussi agréés pour les opérations de dépistage à partir des laits de mélange par ELISA.

Les réactifs utilisés sont préalablement autorisés par le laboratoire national de référence (LNR) ; les méthodes sont standardisées sous la forme de normes et/ou de recommandations publiées par l’OMSA.

Le LNR pour les brucelloses animales est le laboratoire Anses de santé animale de Maisons-Alfort.

« Prélèvements »

Cas d'un avortement (suspicion clinique) : associer une recherche sérologique et une recherche bactériologique.

Matériel et prélèvements pour la recherche de Brucella en cas d'avortement : (A) Tube sec pour sérologie ; (B) Écouvillon sec avec tige protégée par une gaine stérile double ; (C) Site pour le prélèvement endocervical (vue sous endoscope)Informations[1]
  1. Pour la sérologie, réaliser un prélèvement sanguin sur tube sec (recherche des anticorps)

  2. Pour la bactériologie, réaliser un écouvillonnage du col de l'utérus (en région péri- et endo-cervicale) à l'aide d'écouvillon sec ou floqué avec milieu de transport (plus favorable à la survie des Brucella). Cet écouvillonnage du col est à réaliser en même temps que la prise de sang pour sérologie ou bien de manière différée si l'écouvillon est réalisé :

  • avant tout traitement antibiotique pour ne pas inhiber la culture bactérienne

  • dans les 15 jours suivant l'avortement (au delà l'excrétion de « Brucella » diminue)

Confirmation d'une suspicion clinique (autre que l'avortement) : les prélèvements (placenta, lait ou colostrum, liquide spermatique, liquide de ponction d'hygroma... sur animal vivant, ou des nœuds lymphatiques et autres tissus sur l'animal abattu à des fins diagnostiques) sont choisis dans le but de rechercher et d'identifier les « Brucella ».

Cas d'une opération de dépistage = recherche des anticorps sur bovins de plus de 24 mois : prélèvements sanguins sur tubes secs (opérations de prophylaxie, contrôle d'achat) ou lait de mélange prélevé dans le tank de l'élevage (opérations de prophylaxie dans un cheptel laitier).