La tuberculination

Il s'agit de mettre en évidence une réponse allergique (HSR) chez un bovin sensibilisé par des mycobactéries MTCB.

On utilise pour cela de la tuberculine, issue de protéines bactériennes purifiées. Ce mélange protéique est appelé PPD (PPD-B lorsqu’il est issu de « M. bovis », PPD-A lorsqu’il est issu de « M. avium ») pour « « Purified proteine derivative » » (dérivé protéique purifié)

Il s’agit d’un haptène :

  • donc doté de la capacité à être reconnu spécifiquement par les LT d’un animal infecté,

  • mais sans sensibiliser immunologiquement un bovin.

L'injection de PPD n'interfère donc pas avec le dépistage ultérieur de l'infection. En pratique, on peut répéter l'injection de PPD chez un même animal après un délai d'au moins 6 semaines.

Les tests de tuberculination visent à détecter un état d’HSR préexistant due à une infection par « M. bovis. ». On distingue :

  • l'intradermo-tuberculination simple (IDS) : elle consiste à injecter uniquement de la PPD-B. Ce test est sensible mais peu spécifique car des réactions croisées peuvent être également observées si les bovins sont infectés par une mycobactérie atypique.  L'IDS n'est plus utilisée réglementairement en France (sauf en Corse, mais elle y est de plus en plus supplantée par le test de dosage de l'interféron gamma) et les aspects qui lui sont propres ne seront pas abordés dans ce cours.

  • et l'intradermo-tuberculination comparative (IDC) : elle est fondée sur le même principe, mais étant plus spécifique, elle différencie mieux (quoique imparfaitement) une infection par « M. bovis » d'une infection par d'autres mycobactéries. Une vache infectée par « M. bovis » sera supposée réagir davantage à la PPD-B qu'à la PPD-A et inversement pour une vache infectée par une mycobactérie atypique.

Éléments communs aux deux types d'intradermo-tuberculination

- Un protocole réglementé

Les IDC et les IDS doivent être réalisées par un vétérinaire sanitaire selon un protocole strictement réglementé (cf. infra), et ce d'autant plus que la lecture n'est pas automatisable. Il en résulte que tous les facteurs permettant de réduire le niveau d'erreur, de biais ou d'incertitude au niveau de la réalisation technique et de la lecture ont été pris en compte, du moins en théorie.

Il appartient à l'éleveur de mettre à disposition un matériel de contention adapté (cornadis, couloir, cage de contention...).

Il est obligatoire de marquer le point d'injection, préférentiellement par tonte des poils ou coupe des poils aux ciseaux.

La mesure du pli de peau est également obligatoire. Elle est faite au moyen d'un cutimètre homologué. Malgré l'usage de cet outil, la mesure peut varier en fonction de la position du cutimètre : Le vétérinaire doit standardiser sa pratique sur un même animal en début d'opération en répétant la mesure un certain nombre de fois jusqu’à ce que la mesure ne soit plus variable.

La seringue utilisée doit également être homologuée. Il existe essentiellement deux modèles : Mc LintockND et MutoND. La SNGTV (Société Nationale des Groupements Techniques Vétérinaires) a réalisé une vidéo de présentation de la première. Ces seringues sont calibrées pour délivrer 0,1 mL de tuberculine.

- Lecture des résultats

La lecture du résultat se fait 72 heures +/- 4 heures après l'injection, par comparaison des mesures initiales et finales de l'épaisseur du pli de peau.

On appelle 𝚫 la différence entre l'épaisseur initiale et l'épaisseur finale.

Éléments spécifiques à l’intradermo-tuberculination comparative (IDC)

- Principe, protocole et sites d’injection

L’IDC consiste à injecter non seulement de la PPD-B, mais aussi de la PPD-A, une PPD issue de « M. avium », en partant du principe que la réaction immunitaire homologue est plus forte que la réaction hétérologue. En d'autres termes, en cas d'IDC, une vache infectée par « M. bovis » sera supposée réagir davantage à la PPD-B qu'à la PPD-A et inversement pour une vache infectée par une bactérie MAC.

- Pratique de l'intradermo-tuberculination comparative

LECTURE ET EXPRESSION DES RÉSULTATS

  1. On mesure 𝚫 (différence entre l'épaisseur finale et l'épaisseur initiale) aux deux points d'injection.

    𝚫A correspond à la différence des mesures pour PPD-A (tuberculine aviaire, au point d'injection antérieur)

    𝚫B correspond à la différence des mesures pour PPD-B (tuberculine bovine, au point d'injection postérieur)

  2. On calcule 𝚫B - 𝚫A

  3. On applique une règle de décision fournie par le tableau  :

    Valeur de 𝚫B

    Valeur de 𝚫B - 𝚫A

    Résultat

    𝚫B ≤ 2mm

    Négatif

    𝚫B > 2mm

    𝚫B - 𝚫A< 1

    Négatif

    1 ≤ 𝚫B - 𝚫A ≤4

    Douteux

    𝚫B - 𝚫A > 4

    Positif

Le résultat individuel d'un animal reproduit sur papier

INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS

Elle se fait à l'échelle du troupeau. On prépare un graphique sur lequel tous les animaux du troupeau sont représentés par un point, avec en abscisse 𝚫B et en ordonnée 𝚫A. On trace sur ce graphique les deux droites ΔB – DA > 4 et ΔB – DA < 1 mm.

Ces lignes permettent d'identifier les secteurs où l'on trouvera les animaux ayant fourni des résultats négatifs, douteux ou positifs.

L'analyse de ce graphique permet de distinguer différents cas de figure.

Survoler les boutons bleu avec la souris pour voir les différents cas.

Différentes interprétations possibles des résultats de l’IDC à l’échelle du troupeauInformations[3]

Bilan relatif à l'IDC, avantages et inconvénients

PPD injectées

PPD-B et PPD-A

Objectif

Mise en évidence d’une réponse allergique vis-à-vis de M. bovis (et autres MTBC) par rapport à d’autres mycobactéries

Avantages

Spécificité individuelle relativement satisfaisante (> IDS) : 78,8 à 100 %

Inconvénients

- Sensibilité individuelle faible (< IDS) : 50 %

- Contraignante techniquement (plus que l’IDS) : 2 points d'injection et de lecture

- Difficilement standardisable, reproductibilité très faible

Indication actuelle pour le dépistage

Dépistage en 1ère intention dans toute la France (sauf Camargue et Corse)