Lutte dans les autres espèces

Méthode

Faune sauvage

La faune sauvage est devenue un acteur avec lequel il faut compter, particulièrement dans les zones les plus infectées et l'émergence de la TBv dans la faune sauvage est un élément potentiellement majeur de complexification de la lutte.

Trois aspects sont à considérer dans ce contexte :

1 - La lutte contre la contamination des animaux sauvages par les bovins infectés, mais aussi la prévention d'une éventuelle contamination des bovins par des animaux sauvages infectés :

Elle passe par la limitation des interfaces lorsque cela est possible, sachant que c'est surtout de façon indirecte (par l'environnement souillé) qu'une telle contamination peut survenir. Il est particulièrement important dans ce contexte de faire en sorte que les animaux sauvages n'aient pas accès aux mangeoires et abreuvoirs des bovins.

Sangliers s'abreuvant à un point d'eau destiné à des bovinsInformations[1]

Cette vidéo est composée de plusieurs segments réalisés au cours d'une même nuit, au mois d’août, en Bourgogne.

2 - La diminution, voire l'arrêt de la circulation de "M. bovis" au sein de la faune sauvage :

Trois options sont potentiellement envisageables :

  • Éliminer les animaux sauvages concernés : faisable uniquement si une seule espèce classée comme nuisible est concernée mais son efficacité est limitée dans le temps ;

  • Éliminer la source de contamination des animaux sauvages : Les efforts déployés en Côte-d'Or pour réduire l'incidence de la tuberculose chez les bovins semblent avoir conduit à une réduction significative de l'infection de la faune sauvage et sont donc de bon augure. Mais attention ceci est valable uniquement si la/les espèce(s) sauvage(s) ne peuvent pas entretenir de façon pérenne à elles seules « M. bovis » ;

  • Vacciner les animaux sauvages concernés : c'est l'option de dernier recours, lorsqu'un réservoir autonome (et plutôt mono-espèce) s'est constitué dans la faune sauvage. Cela suppose de disposer d'un vaccin efficace chez l'espèce cible. Les résultats faisant suite à des essais récents de vaccination au Royaume-Uni et en Irlande, semblent montrer que la vaccination du blaireau associée à la réduction des densités de populations dans certaines zones est plus efficace que chacune des options isolément.

Attention, chez les bovins, l'option vaccinale est inenvisageable, au moins tant que les vaccins interfèreront avec le dépistage.

3 - La mise en place d'une surveillance pour disposer en continu de données d'infection de la faune sauvage :

Cela permet de déterminer le niveau de risque de tuberculose animale et de moduler en conséquence les modalités de surveillance. Ainsi, en France, le réseau Sylvatub a vu le jour en 2011. Il se fonde sur les données fournies par l'inspection des venaisons, de la collecte de blaireaux et de cerfs trouvés morts ou mourants (réseau national de suivi sanitaire de la faune sauvage française, dit réseau SAGIR), voire de la surveillance programmée des blaireaux, cerfs et sangliers autour des foyers bovins dans certains départements, toujours dans le cadre du réseau SAGIR.

Les tableaux et la figure suivants résument les modalités de surveillance définies selon le niveau de risque à l'échelle de chaque département, sur une échelle allant de 1 à 3.

Critères pour définir les niveaux de risque des départements en France métropolitaine (source : ESA – Sylvatub)

Niveau de risque

Critères définissant le niveau de risque d'un département

Evolution du nombre de départements concernés

2012

2021

3

- Présence de foyers bovins (prévalence élevée)

- Mise en évidence d'animaux sauvages infectés et/ou existence d'un réservoir primaire dans la faune sauvage

6

(6,2%)

21

(21,8%)

2

- Détection régulière de foyers bovins ou augmentation soudaine d'incidence

- Foyers de tuberculose bovine jugés disséminants

- Proximité de zones de niveau 3

15

(15,6%)

8

(8,3%)

1

Autres départements (faible risque)

75

(78,1%)

67

(69,8%)

Complément

Cartographie

Niveaux de surveillance départementaux en 2020 et zones considérées comme étant « à risque » vis-à-vis de la tuberculose dans la faune sauvageInformations[2]
Modalités de surveillance associées aux trois niveaux de risque (Source : Réveillaud et al., 2017)

Type de surveillance

Modalités de surveillance

Niveau de risque

1

(faible)

2

(intermédiaire)

3

(élevé)

Événementielle

Recherche de lésions suspectes chez les cervidés et sangliers lors de l'examen de carcasse dans le cadre d'une pratique de chasse habituelle

Recherche de lésions évocatrices de tuberculose chez les sangliers, cervidés, blaireaux collectés dans le cadre du réseau SAGIR* (animaux morts ou mourants) dans son fonctionnement normal

Événementielle renforcée

Recherche systématique de tuberculose chez les sangliers, cerfs et blaireaux collectés dans le cadre d'un renforcement du réseau SAGIR

Recherche systématique de tuberculose chez les cadavres de blaireaux collectés sur les routes dans le cadre d'un renforcement du réseau SAGIR

Programmée

Recherche systématique de tuberculose sur un échantillon de blaireaux prélevés (par piégeage ou tir) dans les zones à risque ou en périphérie de foyers sporadiques en élevage

Recherche systématique de « M. bovis » sur un échantillon de sangliers prélevés dans les zones à risque dans le cadre de la pratique de la chasse. Recherche uniquement en cas de lésions évocatrices de tuberculose sur un échantillon de cerfs prélevés dans les zones à risque dans le cadre de la pratique de la chasse

Méthode

Autres espèces sensibles

La lutte contre la tuberculose des petits ruminants s'apparente à celle de la tuberculose bovine.

Pour les autres espèces à la ferme, il n'y a pas de mesures spécifiques. Cependant, ces espèces (notamment équidés, porcins, chiens et chats), pouvant contribuer à la pérennisation de l'infection en cas de foyer bovin, la réglementation prévoit la possibilité de mesures pouvant aller jusqu'à leur euthanasie dans ce contexte.

Le cas des carnivores, animaux de compagnie, est un peu particulier puisqu'ils peuvent potentiellement constituer une source de MTBC pour l'Homme. C'est pourquoi, ils ne peuvent être traités contre la tuberculose.

Sur le plan préventif, l'engouement pour l'alimentation « naturelle » a récemment conduit en Écosse à des cas d'infection de chats domestiques à partir de produits commercialisés produits au Royaume-Uni, avec des viandes de venaison infectées. Il convient donc d'être vigilant vis-à-vis de ces nouvelles modalités de contamination.

Méthode

Homme (que pour les aspects zoonotiques)

Attention

L'Homme bénéficie naturellement avant tout des mesures de lutte mise en place contre la tuberculose chez les bovins.

La réduction de la prévalence de la tuberculose animale et par conséquence la diminution des sources de contamination de l'homme par « M. bovis » constitue la meilleure des protections.

Dans les pays d'enzootie de tuberculose bovine, les mesures les plus efficaces pour éviter la contamination de l'Homme par « M. bovis » ou « M. caprae » consistent en l'éviction ou le traitement thermique du lait cru et des produits à base de lait cru.