Combinaison des mesures offensives et défensives selon le contexte épidémiologique

Comment concilier mesures offensives et défensives en contexte de faible prévalence ?

Le tableau ci-dessous résume un certain nombre d'adaptations de mesures de lutte contre la tuberculose dans un contexte de faible prévalence avec les éléments qui justifient la mise en place de ces changements.

Adaptation de la lutte en contexte de faible prévalence

Type de mesures de lutte

Adaptations des mesures

Justification

Offensive « raisonnée »

Allègement des dépistages : dépistage dans zones à risque ou selon présence de facteurs de risque

Faible confiance dans les résultats positifs lors du dépistage

Combinaison des tests en série[1] pour confirmation d'infection

Utilisation de l'interféron γ en série[2] lors de suspicion pour alléger les mesures de limitation

Forte contrainte économique du blocage d'élevages pour des résultats faussement positifs

Recours à l'abattage partiel possible

Peu d'animaux infectés dans les foyers

Maintien de l'inspection « post-mortem » systématique

Arrêt total des dépistages dans la majorité des départements

Défensive « adaptée »

Tests à l'introduction pour les élevages / mouvements à risque uniquement

Faible confiance dans les résultats positifs lors du dépistage et maîtrise des facteurs de risque

Abattage partiel autorisé malgré risque de résurgence

Peu d'animaux infectés dans les foyers, lassitude et pertes économiques pour les éleveurs

Importance de la biosécurité externe vis-à-vis de la faune sauvage et des voisins de pâture

Réservoir multi-hôtes dans certaines zones

Adaptation des mesures à la situation épidémiologique en France

Dans l'exercice qui vous est proposé, vous allez devoir relier des mesures de lutte et leurs principaux bénéfices.

Pour accéder à l'exercice, cliquez ICI

Bilan

Dans un contexte de faible prévalence, la confiance dans les résultats positifs obtenus lors du dépistage diminue puisqu'une grande partie d'entre eux vont alors correspondre à des résultats faussement positifs. Le dépistage à grande échelle devient alors difficile à mettre en œuvre et bénéficie d'une acceptabilité plus faible du fait des blocages injustifiés d'élevages (pour mener des investigations complémentaires).

Il convient alors :
  • de limiter ces dépistages à des élevages ou des régions avec des facteurs de risque particulier ou à des zones où l'infection circule et de réaliser des enquêtes épidémiologiques en cas de foyer ;

  • d'utiliser des tests en série ou de les répéter dans le temps de façon à augmenter la spécificité du dépistage (recontrôle avec l'IFN-γ lors de résultats positifs par exemple) ;

  • d'appliquer des mesures de biosécurité externe et des mesures aux échanges d'animaux pour limiter la circulation de«  M. bovis » et protéger les effectifs indemnes tout en ayant recours à des appellations « cheptel officiellement indemne » ;

  • d'assainir les élevages infectés efficacement pour limiter la circulation de « M. bovis » tout en interdisant les échanges entre-temps.

Dans un contexte de faible prévalence, la maîtrise des facteurs de risque (vus précédemment) par une approche centrée sur l'analyse de risque, prend une importance tout particulière pour préserver une situation épidémiologique favorable.

Cette maîtrise est obtenue à différentes échelles de la même façon que l'analyse de risque prend en compte différentes échelles. Ainsi la meilleure garantie qu'un troupeau ne sera pas infecté ou réinfecté sera apportée par le respect des critères synthétisés dans le tableau suivant.

Maîtrise des facteurs de risque par une approche centrée sur l'analyse de risque

Introduction

Voisinage

Résurgence

Échelle micro (élevage)

Achat de bovins à un élevage indemne depuis longtemps, de préférence situé dans une région à taux de prévalence faible ou nul

Elevage(s) voisin(s) indemnes

Faune sauvage indemne autour de l'élevage

Elevage indemne depuis toujours ou depuis de nombreuses années, ayant fait l'objet d'un abattage total* avec nettoyages et désinfections approfondis après l'APDI

Échelle macro (zone/région)

Zone de l'élevage indemne, voire région indemne

*Mais adaptation de cette mesure du fait du dépistage très précoce et de la faible contagiosité de la maladie (le plus souvent 1-3 animaux infectés dans les foyers) et du fait des problèmes d'acceptabilité de l'abattage total

Application : possibilité de supprimer totalement le dépistage dans les régions indemnes, à condition :

  • de maîtriser strictement la biosécurité interne et externe et notamment le facteur de risque d'introduction de nouveaux bovins, facteur de risque majeur dans un contexte indemne ;

  • que la qualité de la surveillance en abattoir, devenue la seule modalité de surveillance, soit optimale.